Dimanche de la Santé
Depuis 1992, l’Eglise universelle célèbre tous les 11 Février, fête de Notre-Dame de Lourdes, la Journée Mondiale du malade. Le thème cette année est « Tout le monde te cherche ».
Cette journée se décline dans les paroisses en un Dimanche de la Santé pour rappeler que l’accompagnement des personnes souffrantes et la préservation du don de la santé sont des priorités évangéliques.
Ce dimanche 7 Février à Briouze l’équipe du SEM (Service Evangéliques des Malades) ont animé cette messe, avec notamment le témoignage d’Hélène ROULLIER infirmière dont voici le texte de son intervention saluée par de multiples applaudissements .
« Bonjour, Je m’appelle Hélène, je suis infirmière à l’EHPAD Notre-Dame à Briouze.
L’équipe du service évangélique des malades m’a demandé de rendre présent les soignants en apportant mon témoignage sur ce que je vis au quotidien. C’est donc ce que je vais essayer de faire.
Avant la crise du Covid, la situation dans le monde de la santé (hôpitaux, Ehpad, médecine de ville…) était difficile. Cette crise qui, si au début, a pu mettre en avant ce milieu pour son dévouement et son professionnalisme, et qui ont été reconnu à travers les applaudissements de 20h, cette crise donc nous a encore compliqué la tache et risque encore maintenant d’épuiser bons nombres de mes collègues.
C’est donc de souffrance qu’il me semble devoir témoigner pour commencer. Des souffrances qui se conjuguent au pluriel. Celle des soignants qui peinent à trouver, à retrouver du sens à ce qu’ils font tant ils sont pressés, oppressés par la surcharge de travail et le regret de ne pouvoir accompagner les patients, les malades comme ils le voudraient. Mais les soignants ne sont pas les seuls à souffrir. Ils voient et tentent d’apaiser la souffrance des malades qu’ils soignent et accompagnent. Malades qui souffrent de ne pouvoir voir leurs proches comme et aussi souvent qu’ils le souhaiteraient, qui ne comprennent pas toujours pourquoi on les empêche de toucher leurs enfants en leur imposant une distance, un masque, un plexiglas. Il y a aussi la souffrance des familles qui sont souvent démunies de ne pouvoir accompagner leurs proches comme ils le voudraient et doivent nous accorder leur confiance au grès des restrictions, des recommandations successives.
Ces souffrances sont très présentes et pèsent lourds en ce moment mais pour tenir il faut que l’on s’oblige à vouloir voir plus loin et au-delà de celles-ci.
Y a-t-il alors des signes d’Espérance dans le monde de la Santé en cette période si particulière ?
J’avoue que j’ai mis du temps à en trouver…
La foi des soignants, voilà ce qui me vient en premier. La foi en leur métier. La conviction avec laquelle ils s’acharnent à vouloir continuer de soigner, d’accompagner, de rassurer, de répondre aux problématiques, de trouver des solutions malgré la fatigue. Si on est soignant ce n’est jamais d’abord pour l’argent (ça se saurait), ce n’est jamais d’abord pour des raisons alimentaires, c’est toujours en premier, et je le vois tous les jours, par amour des Hommes, de l’humain, l’envie de donner de soit pour le bien des autres.
La solidarité, que l’on vit ou que l’on voit, est aussi une des clefs de voute du fait que l’on tienne sur la longueur.
Celle vécut entre soignants : elle passe par l’écoute reçue et le mot d’encouragement qui arrive au bon moment, un café mis de côté pour l’infirmière qui court à droite et à gauche, un travail en équipe qui porte des fruits.
Celle vécue entre les résidents : une visite dans la chambre (quand cela est autorisé), un coup de fil de chambre à chambre quand ils y sont confinés.
Celle des résidents envers les soignants : quand ils remercient l’infirmière qui vient de leur faire un test PCR (ce qui n’a rien d’agréable) et lui souhaite un bon courage et une bonne journée !
Celle des médecins : qui sans relâche répondent présents
Celle des familles : qui nous renouvellent leur confiance
La dernière question qui m’était posée : « Que m’apporte ma relation au Christ, à l’Evangile dans mon service d’infirmière ? »
Ma foi au Christ est une force et un appui pour me ressourcer mais elle est aussi et souvent mise à rude épreuve. Il y a beaucoup de « Pourquoi ? » et de « A quoi bon ? » qui me traversent.
Malgré cela j’y reviens toujours. Je n’y pense pas en permanence quand je travaille et que j’ai la tête dans le guidon mais je garde toujours en moi une confiance. Confiance que le Seigneur est là pour me donner la force d’avancer et de continuer la route. Et quand je défaille, cette confiance est souvent renouvelée par les encouragements d’ainés dans la foi qui savent écouter et témoigner de la fidélité du Christ dans leur vie. La prière de l’Eglise me porte beaucoup aussi. Savoir que d’autres prient pour le monde et le monde de la santé en particulier quand moi je n’ai pas le courage ou la force de le faire, m’apaise, m’aide beaucoup.
Enfin je voudrais finir par un «MERCI » à tous ceux qui par un mot d’encouragement, leur prière ou des initiatives (colis, lettres de Noël envoyées aux résidents) porte le monde de la santé et les malades. Tout ceci est très précieux « .